L’Histoire avec Fin

Finalement on va démarrer par « absence de littérature » puisque je ressens le besoin d’exprimer à tous la joie qui est mienne en cet instant surréaliste, après un mois et cinq jours de ce qui constitue, si l’on en croit toutes les commentatrices de ce blog, ma concession annuelle au masochisme. Parce que le nanomazo a une seconde dimension qui va au delà de la fin du défi pour offrir un nouvel aboutissement plus grisant encore…

Oui je sais que vous voyez où je veux en venir depuis le titre, mais je suis chez moi, je digresse tant que je veux et puis hein, il y a des choses qui méritent qu’on soigne ses effets d’annonce :

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Et donc, si le 30 je finissais le nanowrimo, aujourd’hui je finis mon roman, une créature prématurée de 76 202 mots ou 449 899 signes, autant vous dire que j’en ai encore les yeux qui saignent (et que ça risque de faire pareil à ceux des lecteurs). Je suis aujourd’hui obligée de le reconnaitre publiquement : Loj, Aline et Flo avaient raison : signer pour le nano, c’est dans l’idée que ça va vous apporter 30 jours de bonheur, certes, mais tout en sachant pertinemment que c’est aussi accepter d’en prendre plein la gueule pendant un mois, et, 50 000 mots ou pas, première, troisième ou dixième édition, de ne pas en ressortir tout à fait indemne…

pfiou
Sauf que paradoxalement, une fois ce déchainement de folie et de violence passé, ça devient beaucoup plus dur de continuer à écrire, et si l’on ne fait pas partie des génies / fous dont le dernier mot, au 30 au soir, était « Fin », on peut facilement se retrouver à abandonner le roman dans une caisse (en général, jouxtant celle où est planquée l’Arche Perdue) et le laisser dépérir là, si proche du but qu’on fut. Je suis personnellement très consciente que ce qui me fait réussir depuis 3 ans, ça n’est pas tant la deadline impossible que cette formidable émulation collective, cette connexion imaginative qui se fait avec des proches aussi bien que de parfaits inconnus à travers le monde. Le second aspect de la méthode consistant à me déculpabiliser. Le nano devait être un truc à faire parmi d’autres, mieux, un loisir auquel on ne consacre du temps qu’une fois les impératifs de la to do list rayés. J’ai donc le plus contradictoirement du monde repris un vrai bon rythme d’écriture une fois admis que je ne m’y mettrai jamais avant 18h et après avoir boucler la liste du jour, entre envois de lettre de motivations, laverie, mémoire, piges, recherches, sport et autres joyeusetés. Je n’ai rien tant craint que l’inoccupation pour plomber l’expérience.

Bien sûr il y a d’autres écoles…

Bon, c’est maintenant qu’est censée commencer la phase relecture – correction – réécriture (qui prend elle, environ… 30 ans ?) … ça sera sans moi. Déjà, comme les deux précédents, je ne vais pour ma part plus ouvrir ce fichier word avant 4 à 6 semaines. Le temps d’oublier ce qu’il y a dedans et de le redécouvrir avec les yeux un tant soit peu objectif d’un lecteur. En espérant qu’ils ne saignent pas trop.
Ensuite parce que je suis finalement aussi exaltée qu’épuisée. Boucler mes piges du week-end, rédiger un compte rendu sur les solutions plasma, transformer mon mémoire en argumentaire d’article, pas de problème. Mais hors de question de retoucher à ma bestiole avant le 1er janvier.
Sur ce je m’en vais allumer le sapin, faire chauffer du lait et fêter la chose avec toute l’énergie dont je dispose encore…

(Faire une sieste quoi.)